On passe devant sans s’arrêter.

C’est un muret, une route vide, une façade sans message. Rien à voir.
Mais à force de regarder, quelque chose bouge.
Le vide commence à parler. Le banal prend une forme. L’absence devient organisée.
Ces images ne cherchent pas l’événement. Elles s’accrochent à ce qui reste quand tout s’est déjà passé.



Des lieux qui n’ont pas d’histoire, mais qui en suggèrent une.
On dirait que rien, mais on dirait seulement.
Quand je déclenche ici, c’est souvent dans le doute.
Pas parce que la scène m’appelle, mais parce que je ressens une légère résistance.
Quelque chose d’indéfini qui insiste, sans faire de bruit.
Ce sont des photos lentes. Pas dans la technique, mais dans la lecture.
Elles demandent qu’on reste un peu. Et qu’on accepte que le silence soit déjà une forme de récit.






« L’ermite ne se désintéresse nullement du sort de l’humanité, mais se rend compte avec lucidité que, dans sa condition présente, non seulement il est incapable d’accomplir le bien d’autrui mais il est tout aussi impuissant à s’émanciper de ses propres souffrances. S’il choisit, pour un temps, de vivre en solitaire, c’est pour approfondir sa pratique et consacrer les années nécessaires à engendrer les ressources intérieures qui lui permettront de contribuer de manière éclairée au bien-être d’autrui. »
Mathieu RICARD


